CIRCUIT
Centre d’art contemporain
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A propos de Circuit

TEMPODROME

Ill.: 24 juin 2010 (détail), carton d'invitation 10/15 cm circuit

Berdaguer & Péjus

Vernissage le vendredi 08 octobre 2010 à 18h00

Ouverture du 09 octobre au 20 novembre 2010
je-ve-sa de 14h à 18h et sur rendez-vous

COMMUNIQUE DE PRESSE

En 2002 Berdaguer & Péjus réalisent une exposition intitulée Traumathèque à la BF15 à Lyon. Elle se présentait sous la forme d’un dispositif assez sommaire : une enseigne, un fauteuil bulle suspendu (réplique de la célèbre création d’Eero Aarnio), un lecteur enregistreur VHS et un écran de projection. Pénétrant dans ce salon laboratoire, chaque spectateur était invité à se munir d’un casque audio où la voix d’un hypnotiseur leguidait dans l’exécution d’un protocole très précis : enclencher la cassette VHS dans le lecteur et procéder à la remémoration d’un traumatisme en restant assis en suspension devant l’écran invariablement neigeux... Le transfert du trauma restait bien entendu d’ordre symbolique, quand la trace de l’expérience elle, se voyait soigneusement consignée par le patient/spectateur lui-même, avant d’être disposée sur une étagère prévue à cet effet. Cette archive des traumas, présentée aujourd’hui à Circuit sous la forme de photographies imprimées à l’échelle 1/1, constitue le préambule de Tempodrome.

(Démons)
Si l’on considère un des constats les plus détonnants du siècle passé : «c’est le spectateur qui fait l’oeuvre» devenu aujourd’hui, l’un des poncifs préféré de l’art contemporain; on peut considérer que cette Traumathèque procède, non sans une perfide ironie, à l’inversion dans les règles de cette approche complexe (bien que souvent dévoyée). S’inspirant du principe de la cure psychanalytique, ne serait-ce point ici, l’oeuvre qui permettrait au spectateur d’accéder au statut de sujet autonome, par le biais du processus «d’extraction» symbolique du mal qui le hante?...
«Sur l’écran noir de mes nuits blanches où je me fait du cinéma»*
Immersion, projection, inconscient, histoires... Que serait le cinéma sans l’invention de la psychanalyse?... Ou alors doit on se demander exactement l’inverse? Le dispositif «traumathétique», réduit, avec ses moyens frustres, l’expérience cinématographique en une synthèse tautologique et paradoxale : l’acteur est le spectateur qui est le réalisateur qui est le film... Cependant, ce qui nous intéresse essentiellement là, c’est l’étrange communauté qui se profile par l’intermédiaire de cette entité de bandes magnétiques compilées. Communauté négative s’il en est, constituée de parts d’ombres et de blessures intimes. Communauté sans limite aucune (quoi de plus universellement partagé que l’épreuve traumatique?) et potentiellement démultipliable encore à l’infini par l’inoculation de la technologie.

(Inversion)
A l’extrême opposé, figure solitaire et obstinée, tel un Sisyphe qui tournerait en rond plutôt que de pousser son rocher, un danseur marche dans un grand mandala fait de grains de sables noirs et blancs. Un mythe qui se réinvente à rebours, par le truchement du montage vidéo inversé, redonnant son ordre initial de teintes contrastées, au chaos uniformément gris des grains de matière mélangée.

(Recommencements)
De l’individu à la collectivité, se révèleraient ainsi métaphoriquement bien des liens de cause à effet et une manière de penser le monde selon certaines hypothèses :
Pas de temps ni d’espace partagé sans reconnaissance de l’expérience individuelle, fut-elle même funeste. Pas d’avancée notable sans retour en arrière constant. Pas d’ordre probable et pas de vie possible sans abandonner une part de contrôle à l’aléatoire et au chaos. Si toute nouvelle technologie impose sa date de péremption en corrompant les plus nantis, elle sert aussi de support de propagation et de facteur de récurrence exponentielle aux plus vieilles histoires, qui elles sont éternelles, fondatrices et inaliénables.

Agités par ces questions, CBMP ont imaginé l’exposition Tempodrome comme un lieu emblématique. Ni linéaire ni circulaire et sans aucune délimitation, le Tempodrome est un concept en forme de déflagration. Où les particules se mélangent et se dispersent à l’infini, à la lenteur de la lumière et à la vitesse de l’escargot. Ici comme ailleurs, hier comme aujourd’hui, l’important n’est pas la ligne d’arrivée mais le chemin parcouru... Les Parques s’occupent du reste.

* D’après, Le Cinéma, 1962, écrit et interprété par Claude Nougaro.



Berdaguer & Pejus sont un couple d’artistes français basé à Marseille tout particulièrement inspirés par l’histoire du design et de l’architecture radicale. Troubles physiologiques, psychologiques, altération des sens, phénomènes paranormaux, président à la réalisation de leurs objets et environnements où le spectateur joue souvent un rôle crucial. Passionnés par la théorie comme par la pratique, ils ont conçu l’exposition «Tempodrome» à Circuit, (suite de Time-Store présentée à la galerie de l’école des beaux-arts de Tours en juillet dernier), comme un écho explicite au dernier ouvrage de Ronald Creagh et avec la complicité de celui-ci. CBMP ont participé récemment aux expositions «Dreamlands» du Centre Pompidou de Paris, «Spatial City: An Architecture of Idealism», de l’Institute of Visual Arts (Inova) de Milwaukee, et, en 2009 :
«Nous tournons en rond dans la nuit...» au Musée d’Art Contemporain de Rochechouart. Leur travail sera également présenté au Printemps de Septembre à Toulouse : « Une forme pour toute action» du 24 septembre au 17 octobre.


L’exposition de CBMP à Circuit, sera accompagnée d’une conférence de Ronald Creagh le 15 octobre et de la projection de deux films au Bourg le 15 octobre et le 10 novembre.


Ronald Creagh est professeur émérite à l’Université Paul Valéry de Montpellier. Il collabore à de nombreuses revues anglo-saxonnes et françaises. Il est notamment l’auteur de «L’affaire Sacco et Vanzetti» (2004), et de «Nos cousins d’Amérique. Histoire des Français aux Etats Unis» (1988). Dans son dernier ouvrage, il relate une histoire des communautés aux Etats-Unis, leur source d’inspiration et leur influence sur la pensée et la société occidentale. «Utopies américaines, Expériences Libertaires du XIX Siècle à nos jours» paru en 2009 chez Agone.
Ronald Creagh sera invité le jeudi 18 novembre, à 18h30 à Circuit pour une discussion à propos des liens entre l’anarchisme et l’art. Il évoquera entre autres, les figures de Courbet, Pissaro ou encore Man Ray pour nous relater cette histoire.

Les Diggers de San Francisco 15 octobre
Film documentaire réalisé par Alice Gaillard, Céline Déransart - 54 min. - 1998.
Dès 1965, alors que des milliers de jeunes déferlent sur San Francisco, prêts à lutter contre l'«American way of life», les Diggers organisent à coup de théâtre guérilla et de performances de rue la commune libre de Haight Ashbury. Avec leurs mots d’ordre «Everything is free» (tout est gratuit, sois libre) et «Do your own thing» (réalise-toi et choisis ton action), ils mettent en scène un monde sans argent basé sur l’entraide et l’autogestion. Insaisissables parce qu’anonymes, groupe informel sans leader, les Diggers deviennent les détonateurs subversifs d’un mouvement auquel chacun participe à sa manière. Comment le mouvement a-t-il évolué, que sont-ils devenus? Quelles graines ont-ils semées? À l’heure où l’on dénonce l’économie de marché, il est bon d’écouter leur histoire...


Themroc 10 Novembre
Drame nihiliste et violemment contestataire de Claude Faraldo, 1973.
« Comme L’An 01*, Themroc, de Claude Faraldo, bloque les mécanismes de la société de consommation et chante avec humour le retour à un état de nature. Ce film est construit sur la soustraction : l’acteur se soustrait à la société, à toute les règles et à toutes les normes, jusqu’au langage qui se réduit à des grognements incompréhensibles. A la sortie de ce film nous sommes dans une situation pas si éloignée de la phrase de Raoul Vanegeim: «La représentation est terminée. Le public se lève. Il est temps d’enfiler son manteau et de rentrer à la maison. On se retourne : plus de manteau ni de maison »». CBMP.

* film français de 1973, réalisé par Jacques Doillon, Gébé, Alain Resnais et Jean Rouch. Adapté de la bande dessinée L’An 01 de Gébé.

Delphine Coindet pour Circuit, Lausanne 2010.

Conférence et films au BOURG:

En raison de la journée de grève reconductible annoncée ce mardi en France, nous avons dû reporter la venue de Mr Ronald Creagh.
Sa conférence "Art et Anarchie" aura lieu le jeudi 18 novembre, à 18h30 à CIRCUIT.

Cependant, la projection du film Les Diggers de San Francisco sera bien maintenue vendredi 15 octobre à 21h

ve 15 oct. 20h30 Les Diggers de San Francisco,
documentaire, 1998, C. Deransart et A. Gaillard
me 10 nov. 20h30 Themroc, film, 1973, C. Faraldo
www.le-bourg.ch, rue de Bourg 51, Lausanne


Soutiens: Ville de Lausanne, canton de Vaud, Office fédéral de la culture OFC, Pour-cent culturel Migros, Loterie Romande, Fassbind Hotels.
CIRCUIT bénéficie d'un partenariat avec la Fondation Nestlé pour l'Art.
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